Michel Giliberti es né le 14 février 1950 à Ferryville, en Tunisie. Sa famille paternelle est sicilienne et sa famille maternelle de Corse. Ses parents ont fait partie d'une vague migratoire qui a quitté la Sicile pour atteindre les côtes tunisiennes.
En 1961, après la décolonisation en Tunisie et l'accession à l'indépendance de ce pays, sa famille s’installe en France, à Toulon. Sa capacité à peindre et à dessiner se manifeste et lui permet d’envisager un métier d’artiste peintre. Il rentre aux beaux-arts de Toulon en 1965, mais le regrette aussitôt. Il fait acte de présence, mais boude cette institution qu’il quitte quelques mois seulement après son inscription pour se consacrer à la musique qu’il affectionne tout autant que la peinture, et ce depuis qu’on lui a offert une guitare en 1965. C’est ainsi qu’en 1968, il monte à Paris pour tenter d’enregistrer ses compositions. Il y parvient une première fois en 1973 avec un single qui n’obtient pas de succès, puis, quelques années plus tard, en 1976 et toujours en tant qu’auteur compositeur il signe trois albums chez CBS. Il commence à se faire connaître avec un titre Il y a chez elle jusqu’au jour où il décide de revenir à ses premières amours que sont la peinture et le dessin5. C’est à la fin des années 1990 qu’il décide de se consacrer aussi à l’écriture.
1/ Michel, pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas encore, comment vous définissez-vous ?
Il est très difficile de se définir car l'image que l'on projette de soi n'est pas toujours objective. Cependant, je pense être un romantique qui à les pieds sur terre. Je suis, d'autre part, un boulimique de travail et j'ai la chance depuis mon enfance d'être pétri de curiosité pour toutes les disciplines artistiques, ce qui m'a, très tôt, de peindre, sculpter, écrire, composer et photographier.
2/ Vous venez de publier votre 10ème ouvrage: "Françoise Hardy, les mots d'une vie" aux éditions Jacques Flament. Si, comme vous le dites, Françoise Hardy accompagne votre vie depuis votre adolescence, à quand remonte l'envie d'écrire ce livre ?
Depuis des décennies, l'envie d'écrire sur Françoise Hardy me taquinait l'esprit mais, j'avais conscience que je n'apporterais rien de plus à ce qui avait déjà été dit sur elle. Quelque chose m'obligeait à la patience, d'autant que depuis toujours, j'ai la conviction qu'il ne faut pas chercher, mais trouver, même si cette pensée que je croyais mienne est de Picasso. Finalement, lorsque le dernier album de Françoise est sorti, j'ai jugé qu'au terme de sa longue carrière, il y avait enfin matière à écrire sur elle.
3/ Michel, quelle était votre motivation majeure et combien de temps sa rédaction vous-a-t'elle demandé ?
Tout naturellement, c'est le besoin de décrypter, d'analyser, de rentrer dans son écriture qui m'a mis sur les rails de l'inspiration. Je lui en avais fait part avant, car je sais combien elle est réticente à ce que l'on peut raconter sur elle. Je parvins à la convaincre en insistant sur le fait que ce ne serait en aucun cas une biographie et que je lui soumettrais mon travail avant toute plublication. Ce fut une vraie chance d'oeuvrer dans ces conditions, ça m'a permis de corriger des erreurs de ressentis par rapport à certains de ses textes. Finalement, Françoise a même choisi le titre de mon ouvrage en fonction de ceux que je lui avais proposés. J'ai commencé à me plonger dans ce travail passionnant dès janvier 2023, tout en écoutant les chansons que j'avai décidé de mettre en avant. Ce fut une véritable aventure d'isolation et de poésie, entrecoupée des échanges décrits plus haut.
4/ L'écriture de ce livre vous-a-t'elle appris des choses que le fan que vous êtes n'avait pas, jusqu'à lors, percu ? Si oui, lesquelles ?
Curieusement, je ne me suis jamais senti fan de Françoise, car ce mot implique d'être dans une espèce d'admiration béate. Non, au même titre que Léonard de Vinci m'a donné envie de peindre, Françoise m'a donné envie d'écrire et de composer des chansons. Du reste, je l'explique dans le livre. J'aime les énergies qui boostent les miennes, si je puis employer ce verbe un peu technique. Je suis un autodidacte en toutes disciplines, et ce sont les rencontres avec les artistes et les personnes qui surent me toucher qui ont fait de moi, celui que je suis. Je crois "qu'on devient ceux que l'on rencontre"; et même si cette phrase est maladroite, elle définit bien ce qu'est l'émulation. Quant à savoir si j'ai appris des choses que d'autres admirateurs de Françoise Hardy ignoraient, je n'ai pas de vraies réponses sauf à vous dire que nos échanges durant plus de quatre mois ont rendu Françoise forcément moins éthérée à mes yeux. C'est très touchant pour l'adulte que je suis et qui ne sait pas vraiment vieillir d'avoir eu ce privilège de côtoyer un pan de son passé dans un présent factuel.
5/ Pouvez-vous, svp, ce qui vous émeut le plus dans la plume de Françoise Hardy ? Qu'entendez-vous par la modernité et la fluidité du verbe comme celle de la poésie, lorsque vous évoquez Françoise Hardy ? Quelle était votre motivation majeure et combien de temps sa rédaction vous-a-t'elle demandé ?
Ce qui m'émeut dans l'écriture de Françoise Hardy, comme je m'en explique largement dans le livre, c'est sa liberté absolue de poser des mots définissant exactement ce qu'elle entend sans s'accorder de plaire au plus grand nombre. Beaucoup de gens sont restés à ses premières chansons de jeune fille et, ignorent combien, par la suite, elle est allée loin dans la rigueur, dans la subtilité, jusqu'à, évoquer l'extrême souffrance de la solitude, allant jusqu'à nommer la mort avec des mots qui ne ressemblent qu'à elle, autant dire, sans fards, surprenants, beaux et inapprivoisables.
6/ Est-ce que le fait d'écrire sur les mots d'une auteure, de surcroit très populaire, vous a fait peur ? Justifiez, svp, votre réponse.
J'ai écrit sur Françoise Hardy parce que j'en ressentais le besoin et que généralement, je m'écoute. Qu'elle soit populaire, ou pas, n'est jamais entré en ligne de compte, car finalement, sa popularité cache son immense talent d'auteure qui est la raison même de ma passion pour elle. Quand on pense qu'après soixante années de carrière, bien des personnes en sont restées à "Tous les garçons et les filles", c'est tout à fait surprenant et, dans le fond, quelque peu exaspérant.
7/ L'ouvrage terminé, quelle sensation a primé sur les autres ?
L'ouvrage terminé m'a procuré de la satisfaction et de l'inquiétude à la fois : je savais que ce livre trouverait difficilement une maison d'édition. Du reste, quatre ou cinq éditeurs contactés m'ont tout de suite répondu personnellement, après lecture du synopsis, que ça ne les intéressait pas : seule une biographie avec photos était en mesure de les convaincre de faire paraitre un recueil sur Françoise Hardy. C'est pour cela que je me suis tourné vers Jacques Flament, mon éditeur actuel, véritable artisan, puisqu'il refuse les GAFA et qui a très vite compris mon travail et tout fait pour le publier au plus vite.
Mais, la sensation première a été celle du poids du temps passé. Un bout de ma propre vie était forcément lié à cet ouvrage. Il me semblait incroyable que le petit garçon de douze ans, ébloui par cette chanteuse à peine plus âgée que lui, à l'époque, parvint à la rencontrer, lui parler et surtout, lui rendre en quelque sorte le fruit des émotions qu'elle lui avait permis de vivre.
8/ Françoise Hardy a-t'elle lu votre livre ? Si oui, avez-vous eu un retour et lequel ?
Françoise a donc lu ce livre avant tout le monde sous forme de tapuscrit et, bien sûr, je vais le lui envoyer ces jours-ci. Je n'attends pas de vrai retour de sa part puisqu'elle le connait en dehors de ce qu'elle ressentira à le voir terminé; elle n'en ignorait même pas la couverture. Je sais qu'elle avait trouvé le tapuscrit admirablement écrit, ce sont ses termes et vous imaginez le bonheur que ça a pu me procurer.
9/ Pour terminer, Michel, à qui s'adresse ce livre ?
Ce livre s'adresse à Françoise Hardy et aussi un peu à moi puisqu'il contient des anecdotes personnelles nécessaires pour évoquer ces années passées si singulières. Bien évidemment, j'espère que les admirateurs de Françoise partageront mes émotions.