Altitude contemplative

par Jane Atray

 

Altitude contemplative

Texte spontané écrit et dit par

Jane Atray

 

 

Arrimée au sol, je lève mon regard vers le ciel et ses voûtes formées par les entrelacs des arbres.

J'admire le fin ouvrage végétal qui accorde les êtres feuillus entre eux alors que le monde poursuit sa course dans le temps.

Un craquement léger et discret réajuste mon attention sur un point roux et touffu ayant pris appui sur l'écorce d'un vénérable. Le petit corps agile s'agite lestement sur la droiture du tronc. Il sent ma présence, quelque peu dérangé dans ses préparatifs automnaux. Je reste à ma place, spectatrice d'un rare moment privilégié, et le vois gracieusement sauter sur un arbre en parallèle du sien. Il m'observe à la dérobée et entreprend son ascension silencieuse.

 

Le temps d'un battement de cils, l'éphémère vision m'a semblée être un rêve éveillé. 

 

De spectatrice je deviens acrobate, le temps d'un après-midi suspendu, telle une petite boule rousse dans son ascension assurée. Etre écureuil, cela s'apprend. 

Agrippée à mes protections, je prends le pas, mal assuré, sur les fils en équilibre, frissonnante telle une feuille dans un murmure, mais la certitude que je suis une boule rousse, me donne l'entrain de poursuivre et de monter plus haut. 

 

La force de l'ascension me porte lors de mes pauses face au monde, les pieds en équilibre près du vide. 

 

Je prends alors le temps d'observer, un souffle après l'autre, je calque mon pas à ma respiration, tout en soutenant le regard dans ceux des autres écureuils qui m'accompagnent dans cette élévation. 

 

Acrobate d'un instant ou spectateur d'une ascension, tous deux sont une aventure intérieure qui relie la certitude à l'action. 

L'émerveillement donne l'impulsion au rêve d'être à porter de pieds. 

 

Jane Atray