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Berthe Morisot au bouquet de violettes,
Édouard Manet,1872,
huile sur toile, Paris, musée d’Orsay
Hommage à
(1841-1895) artise peintre et
membre du cercle de peintres parisiens connus sous le nom d'impressionnistes.
par Stéphane Théri
Au XIXe siècle, une femme française avait bien peu de chances de devenir une peintre professionnelle.
Berthe Morisot a voulu vivre de son art et pour son art.
Elle est allée bien au-delà et son apport dépasse largement le cadre de ses toiles.
Berthe Morisot , autoportrait , 1885
Premier coups de pinceau
Berthe Morisot est l'une des peintres pionnières de l'impressionnisme. Troisième enfant de la famille, elle naît le 14 janvier 1841 à Bourges dans une famille bourgeoise.
La peinture, comme le piano, fait partie intégrante de son éducation bourgeoise. Bertthe et sa soeur apprenent donc la peinture avec Geoffroy-Alphonse Chocarne puis, ensuite, avec Joseph Guichard (1806-1880) qui seront leurs deux premiers professeurs. Le talent des deux soeurs semble très vite évident aux yeux de Joseph Guichard. Berthe et sa soeur se rendent régulièrement au Louvre pour y copier les chefs-d'œuvres. En 1859, elles rencontrent le peintre Henri Fantin-Latour (1836-1904) qui deviendra un ami de Berthe Morisot.
Mais Edma et Berthe sont attirées par la peinture en plein air, préconisée par les peintres de l'École de Barbizon. Joseph Guichard leurdonne l'opportunité d'une rencontre avec Jean-Baptiste Corot (1796-1875) qui aura une influence importante sur le style de Berthe Morisot. Berthe expose ses peintures de paysages pour la première fois au Salon des Beaux-arts de 1864.
Eugène Manet à l'île de Wight (1875).
Berthe Morisot. (1875).
Peinture, mondanités et rencontres
La famille Morisot appartient à la bourgeoisie cultivée et organise des soirées où le retrouve de nombreux artistes de l'époque. Il en est de même pour les parents d'Edgar Degas ou la mère d'Édouard Manet chez qui les Morisot sont invités. Les sœurs Morisot rencontrent ainsi écrivains, poètes et artistes peintres. De ces rencontres, on peut citer entre autres, de grands noms tels que Émile Zola, Edouard Manet, Charles Baudelaire. Durant cette décennie 1860, Berthe peint, expose et vend quelques tableaux au marchand d'estampes Alfred Cadart (1828-1875). Puis, elle se lie d'amitié avec Édouard Manet qui devient son professeur. Elle pose également pour lui.
Berthe Morisot.
Le corsage rouge (1885). Huile sur toile, 73,5 × 60 cm
L'oeuvre
La peinture de Berthe Morisot cherche à capter les instants de vie familiale. On y trouve beaucoup de portraits, en particulier de sa fille Julie. Les formes restent floues et les couleurs claires dominent, produisant une impression de légèreté.
Gustave Geoffroy, dans sont article sur L'exposition des artistes indépendants, publié dans le journal La Justice du 19 avril 1881, posera les mots suivants sur les toiles de Berthe Mortisot :
« Les formes sont toujours vagues dans les tableaux de Mme Berthe Morisot, mais une vie étrange les anime. L'artiste a trouvé le moyen de fixer les chatoiements, les lueurs produites sur les choses et l'air qui les enveloppe... le rose, le vert pâle, la lumière vaguement dorée, chantent avec une harmonie inexprimable. Nul ne représente l'impressionnisme avec un talent plus raffiné, avec plus d'autorité que Mme Morisot ».
Pour le néophyte que je suis en peinture, après avoir mis en page cet hommage et remonté le temps avec ces différentes toiles, je ressens la force de l'oeuvre de Berthe Morisot par le biais de la sérénité que procure chacune de ses toiles. Si nous sommes tous prisonniers des aiguilles du temps, Berthe Morisot les a domptées, l'espace d'une toile, pour, comme elle aimait à le dire, capter un instant de vie. Dans notre course contre le temps, elle a su marquer la pause nécessaire à la contemplation, au replis sur soi, à l'abandon et à la réflexion. Comme l'instant choisi par l'artiste peintre, je suis capté, immobile et à jamais conquis par la délicatesse , la légèreté et la simplicité qui s'en dégagent. Toute la force de l'artiste se trouve là, dans cet parfaite maitrise de son art , une maitrise si forte que la technique est oublié au profit de la truculence des intants choisis et rendus, intemporels.
S.Théri