De Thierry Quintrie Lamothe
(Écrivain)
D' Arthur Rimbaud
( poète français, 1854 - 1891 )
Pour engager cette rubrique , il nous a semblé pertinent de rendre hommage à l'histoire mais également à l'amour , souvent sublimée par la poésie.
Le plus ancien poème d'amour au monde est le Chant d'amour pour Shu-Sin (vers 2000 av. J.-C.), composé dans l'ancienne Mésopotamie pour être utilisé dans le cadre des rites sacrés de fertilité.
Ce poème n'était cependant pas un simple poème d'amour mais l'élément d'un rite sacré, accompli chaque année et connu sous le de nom de "Mariage Sacré".
Au cours de ce rite, le roi épousait symboliquement la déesse Inanna, s'accouplait avec elle et assurait la fertilité et la prospérité pour l'année à venir.
Le Chant d'amour pour Shu-Sin a été découvert au milieu du XIXe siècle et traduit en 1951. Il estdaté d'environ 2000 ans avant notre ère.
Ce relief sumérien représente le mariage de la déesse Inanna et du roi sumérien Dumuzi.
Époux, cher à mon cœur,
grande est ta beauté, douce comme le miel,
Lion, cher à mon cœur,
grande est ta beauté, douce comme le miel.
Tu m’as captivée, laisse-moi demeurer tremblante devant toi;
Époux, je voudrais être conduite par toi dans la chambre.
Tu m’as captivée, laisse-moi demeurer tremblante devant toi:
Lion, je voudrais être conduite par toi dans la chambre.
Époux, laisse-moi te caresser:
ma caresse amoureuse est plus suave que le miel.
Dans la chambre, remplie de miel,
laisse-nous jouir de ton éclatante beauté
Lion, laisse-moi te caresser:
ma caresse est plus suave que le miel.
Époux, tu as pris avec moi ton plaisir:
dis-le à ma mère, et elle t’offrira des friandises;
à mon père, et il te comblera de cadeaux.
Ton âme, je sais comment égayer ton âme:
Époux, dors dans notre maison jusqu’à l’aube.
Ton cœur, je sais comment réjouir ton cœur:
Lion, dormons dans notre maison jusqu’à l’aube.
Toi, puisque tu m’aimes,
donne-moi, je t’en prie, tes caresses.
Mon seigneur dieu, mon seigneur protecteur,
Mon Shu-Sin qui réjouit le cœur d’Enlil,
Donne-moi, je t’en prie, tes caresses.
Ta place douce comme le miel,
je t’en prie pose ta main sur elle,
pose ta main sur elle,
referme en coupe ta main sur elle comme un manteau Gishban.
Ceci est un poème-balbale d'Inanna.
Traduction tirée de l'ouvrage d'Eric Dussert, Cachées par la forêt, Editions de La Table Ronde, Paris 2018.